La violoncelliste engagée Olivia Gay présente un nouveau concert scénographié intitulé "Le silence de la forêt", une création artistique où la nature s’invite sur scène. Rencontre avec une musicienne dont l’engagement écologique résonne à travers chaque note.
Pouvez-vous nous expliquer comment ce projet est né et ce qu’il représente pour vous ?
Après un album dédié à la préservation des forêts et une cinquantaine de concerts donnés en plein air, Olivia Gay a souhaité faire évoluer son projet. "J’ai eu envie d’amener ce message ailleurs : dans les salles de spectacle", explique-t-elle.
Ce spectacle est une nouvelle facette de son initiative : toucher d’autres publics, dans d’autres lieux, avec des formes artistiques différentes. Le disque, les concerts en forêt et désormais le spectacle scénographié forment un triptyque cohérent.
Un récit est également en cours d’écriture chez Grasset, prolongeant cette démarche protéiforme.
En quoi cette nouvelle création marque-t-elle une évolution dans votre démarche artistique et engagée ?
"Nous allons au-devant d’un public urbain, différent de celui que je rencontre en forêt", affirme-t-elle. Pour cette nouvelle étape, elle s’est entourée d’une équipe artistique pluridisciplinaire afin de réfléchir à la manière de sensibiliser le public aux enjeux forestiers à travers l’art.
Ce format lui permet également de poursuivre son rôle d’ambassadrice toute l’année, au-delà des concerts estivaux en forêt.
Vous collaborez avec Alexandra Lacroix pour cette mise en scène. Qu’est-ce que cette dimension scénique apporte de plus à votre dialogue entre musique et nature ?
Cette collaboration ouvre un nouveau champ d’expression. "En forêt, j’utilise la musique mais aussi les mots, à travers une fable écologique", précise-t-elle. Le spectacle en salle repose davantage sur la suggestion que sur une approche pédagogique. Grâce à une dramaturgie sensible, le public est invité à interpréter librement les éléments présents sur scène et à forger son propre message.
Comment l'engagement auprès du fonds ONF – Agir pour la forêt influence-t-il votre travail de musicienne et votre manière de concevoir un concert ?
Pour Olivia Gay, l’art – et la musique en particulier – est un vecteur d’émotion puissant. "Nous, les artistes, pouvons et devons porter des messages universels", affirme-t-elle.
Son engagement l’inspire au quotidien : elle apprend des forestiers qu’elle côtoie, visite les lieux qu’ils protègent, et en tire des éléments pour nourrir son discours artistique.
Elle souhaite renforcer le dialogue entre les citoyens et la forêt, et contribuer, à sa mesure, à la protection de la planète.
Comment choisissez-vous les œuvres ou les sons pour traduire ce lien organique ?
"Mon violoncelle est le porte-parole des compositeurs touchés par l’univers forestier", explique-t-elle. Elle explore constamment le répertoire classique à la recherche d’œuvres inspirées par la forêt, ses éléments, ses mystères.
La prochaine étape de ce travail sera la commande de nouvelles œuvres à des compositeurs contemporains.
À travers ce concert scénographié, quel message ou quelle émotion souhaitez-vous transmettre au public ?
Elle reprend les mots de la metteuse en scène Alexandra Lacroix : "La forêt n’est pas seulement un lieu physique et géographique, c’est un espace symbolique. Elle est à la fois sauvage et rassurante, fragile et puissante.
Elle raconte la vie autant que la disparition." Olivia Gay souhaite que son spectacle aide chacun à ressentir ce lien organique entre l’humain et la nature, à comprendre ce que la forêt nous dit de nous-mêmes.
Si un arbre pouvait vous murmurer quelque chose aujourd’hui, qu’aimeriez-vous qu’il vous dise ?
"Nous allons mieux, vous les humains avez fait ce qu’il fallait", aimerait-elle entendre. Mais elle avoue que ce murmure serait probablement, aujourd’hui, un appel au secours.