L’Antarctique, immense terre glacée en plein milieu de l’océan Austral est vingt-cinq fois plus vaste que la France ! Le grand continent blanc, centré autour du pôle Sud, est celui des superlatifs, le plus éloigné, le plus froid, le plus venteux, le plus impressionnant peut-être ?
Qui n’a pas rêvé de visiter un jour cette gigantesque réserve naturelle internationale consacrée à la paix, à la science et à la protection de l’environnement ? Seulement voilà, ce n’est pas la porte à côté… c’est même le bout du monde !
Pas loin de 1000 kilomètres au sud de l’Amérique du Sud, 2500 kilomètres de l’Australie et 4000 kilomètres de l’Afrique du Sud. Alors comment visiter l’Antarctique ?
A moins d’effectuer une croisière Antarctique de plusieurs semaines ou de voyager en avion à un coût exorbitant depuis Le Cap, ce qui est très rarement proposé, ce n’est pas depuis l’Afrique du Sud que l’on rejoint ces terres polaires.

Le voyage est possible à partir de l’Australie, plus précisément la Tasmanie, ou de la Nouvelle-Zélande, mais la très grande majorité des touristes polaires rejoignent l’Antarctique à partir du grand sud de l’Amérique du Sud, à savoir depuis Ushuaïa en Argentine ou Punta Arenas au Chili.
Pour les Français, cela implique un long voyage, mais assurément, le jeu en vaut la chandelle !
Cap sur la Péninsule Antarctique !
Cela commence évidemment par un vol transatlantique, 13 heures pour rejoindre Buenos Aires, par exemple. Souvent c’est l’occasion de découvrir brièvement la capitale argentine dans l’après-midi et la soirée, puis rendez-vous tôt le lendemain matin à l’aéroport domestique, destination Ushuaïa, encore 4 heures de vol.
Qualifiée de ville la plus australe du monde par les Argentins, ce à quoi les Chiliens rétorquent que la petite ville de Puerto Williams est encore plus au sud – ce qui n’est pas faux même si elle est nettement plus petite -, Ushuaïa est située en Terre de Feu, à l’extrémité de la Patagonie.
Les Argentins aiment à en parler comme de la porte d’entrée vers l’Antarctique, ou « la ciudad del fin del mundo », la ville du bout du monde.

C’est là que vous embarquerez pour le grand voyage vers la péninsule Antarctique, en commençant par le fameux Passage de Drake, où se rencontrent le Pacifique et l’Atlantique. Un vaste détroit parfois agité mais votre capitaine choisira toujours la meilleure fenêtre météo pour éviter les gros coups de vent.
Et c’est lors de cette traversée de deux jours que vous apercevrez vos premiers albatros, alors sortez sur les ponts à chaque fois que possible… Ensuite, la glace, les manchots, les phoques, les baleines, des paysages de rêve, aussi bien en Péninsule que dans les îles proches des Shetland du Sud. En bref, l’émerveillement !
Terminus Antarctique après quelques escales
D’autres options sont offertes, comme le grand tour qui consiste à partir de Patagonie argentine, par exemple de la péninsule Valdez, puis de faire escale aux îles Malouines (Falkland), de passer quelques jours en Géorgie du Sud, avant de voguer vers la péninsule Antarctique et de rejoindre Ushuaïa via le Passage de Drake.
Bien sûr la boucle peut également être effectuée dans le sens inverse.
Avantage : paysages et faune encore plus diversifiés
Inconvénients (à mon sens) : les jours de navigation sont plus nombreux compte tenu de la distance à parcourir et de la durée du voyage (un peu plus de 3 semaines), et les escales sont plus courtes : le séjour en Antarctique, par exemple, est assez réduit, avec 2 ou 3 escales seulement, ce qui peut être frustrant si l’on espérait une découverte du grand continent blanc
Sachez aussi que l’on peut s’envoler vers l’Antarctique. Ou plus exactement vers les Shetland du Sud, à partir de l’aéroport de Punta Arenas au Chili, dans un avion militaire. Cette option évite les 4 jours consacrés à la traversée du Passage de Drake, mais c’est dommage… si l’on aime la navigation et que l’on rêve d’albatros !

Enfin, le choix de la croisière en voilier, rare mais possible, est plutôt envisageable pour les personnes expérimentées, et il va de soi que les conditions de sécurité et de confort ne sont pas les mêmes !
S'y rendre oui, mais seulement à certaines périodes
À moins d’être chercheur ou personnel technique d’une base Antarctique, on ne se rend là-bas qu’à la fin du printemps et pendant l’été austral, c’est-à-dire depuis les derniers jours d’octobre jusque début mars.
La raison première tient aux conditions de glace : en dehors de cette période la navigation est quasiment impossible. De plus, les conditions météo – température, vent – sont plus clémentes. Enfin, et c’est très important aussi, les animaux sont présents et la saison de reproduction de la faune australe bat son plein.
Ainsi, pour ne citer que les manchots, chaque mois présente un intérêt en matière d’observation : parades nuptiales et pontes en décembre, éclosions et premiers poussins en janvier, nourrissage des jeunes plus grands puis premiers adultes en mue en février… Quant aux escales en Péninsule et aux Shetland, inutile de préparer votre circuit avec trop de zèle ou de précision, car cela ne dépendra pas de vous.
C’est le commandant du navire et le chef d’expédition qui décideront chaque soir des débarquements du lendemain, en fonction de la météorologie, des conditions de glace et des sites qui auront été préalablement réservés, puisqu’un seul navire à la fois est autorisé à fréquenter une zone précise.
Ainsi, si le débarquement sur une île ou dans une baie du continent est compromis par la présence de la banquise ou un vent violent, il y aura toujours une solution de rechange ailleurs. Et de toutes façons, ce sera jubilatoire, même si le temps n’est pas de la partie.
Un voyage inoubliable
Navigation dans des baies somptueuses ou le long d’icebergs tabulaires gigantesques, débarquements à pied pour observer – à distance réglementaire - une colonie de manchots ou des otaries à fourrure, balades en zodiac le long de la banquise ou rencontres avec le phoque léopard quand ce n’est pas la baleine à bosse, voilà quelques éléments du programme « classique » d’un voyage en Antarctique.

D’autres expériences enthousiasmantes peuvent être proposées lors de la croisière, comme une nuit de bivouac à la belle étoile (sac de couchage et sur-sac fournis, évidemment !), une navigation en kayak parmi les glaçons pour approcher la faune en toute discrétion, parfois même un plongeon polaire (très rafraîchissant !) dans l’océan austral est proposé aux courageux depuis le navire, en toute sécurité bien sûr.
Sans oublier les conférences passionnantes à bord ! Autant de moments inoubliables, à savourer sur des bateaux de taille raisonnable - moins de 200 passagers – et dont l’impact sur le milieu naturel que nous explorons est moindre.
Que vous soyez contemplatifs, exaltés, aventuriers dans l’âme, fascinés par la glace ou amoureux des manchots, il y a de multiples raisons d’être attiré par l’Antarctique.