Avant l'époque des croisières telle que nous la connaissons aujourd'hui, il y eut celle de ces grandes traversées qui duraient des jours, voire des semaines, à bord de grands navires. C’était un monde extravagant, opulent et insouciant. Et la Cunard en était l’un des plus éminents représentants, du nom de son fondateur, Sir Samuel Cunard, que la reine Victoria avait élevé au rang de baron en 1849.
Cunard : de la livraison du courrier aux transatlantiques et voyages à travers le monde
À l’époque, comme toute compagnie de liners - navires de ligne régulière -, la Cunard a pour mission première de livrer le courrier de part et d’autre de l’Atlantique, mais aussi d’acheminer ses clients d’un continent à l’autre, une mission qu‘elle assure à l’été 1840, entre le Canada et l’Angleterre à bord du Britannia, un vapeur à roues qui, outre ses milliers de lettres, embarque une soixantaine de passagers. Bientôt, toutes les grandes nations de l’époque s’affrontent par paquebots interposés. Symbole de leur éphémère domination les unes sur les autres : le Ruban Bleu, de la couleur du fanion accroché au maître-mât du navire, récompense décernée au liner qui établit le nouveau record de vitesse sur la liaison transatlantique.
La Cunard remporte 45 des 106 Rubans Bleus décernés ! Naturellement, à Washington, on s’irrite de cette domination britannique. D’où la création de la Collins Line. Pendant un temps, l’Amérique triomphe. Mais la « Vieille Angleterre » ne baisse pas les bras. La Cunard dégaine son arme absolue, Persia, au moment où la Collins sombre corps et biens à la suite de deux catastrophes (Artic coule en 1854 et Pacific en 1856). Arrivent alors d’autres challengers, britanniques d’abord entre 1868 et 1898 (White Star, Inman, National, Guion), puis allemands entre 1897 et 1909 (Norddeutscher Lloyd, HAPAG), ensuite italien (Italian Line) et français (Compagnie Générale Transatlantique) dans les années 1930.
Hélas, les liners ne peuvent lutter dans les années 1960 contre l’essor de l’avion de ligne. En quelques années, la plupart des géants des mers sont désarmés. Avec son Queen Elizabeth 2, la Cunard maintient toutefois la tradition. Quasiment seul en scène sur l’océan Atlantique, ce paquebot défie l’entendement et la logique économique pour le plus grand plaisir des amateurs de Transatlantiques, le graal de tous les amateurs de croisières. En 1998, la firme est finalement rachetée par un groupe américain, Carnival, numéro un mondial dans le secteur de la croisière.
La flotte de Cunard
Un nouvel essor pour lancer une nouvelle série de navires exceptionnels qui perpétue la légende des « Majestés » passées : un autre Queen Elizabeth (2010) prend le relais, soixante-dix ans après le précédent, dans la foulée des lancements des croisières sur le Queen Mary (2004) et de Queen Victoria (2008). Une histoire qui n’est pas prête de s’arrêter, en témoigne la mise en chantier d’un paquebot d’une capacité de 3 000 passagers qui sera baptisé en 2022. Pour la première fois depuis 1998, la Cunard aura quatre bateaux en service en même temps, toujours pour que perdure le mythe de la Transatlantique et les voyages à travers le monde.
Toujours avec un protocole et un service naturellement so british...