1. Tortuguero, l'arche de Noé costaricienne
Tortuguero est la destination écotouristique par excellence, l'une des plus populaires au Costa Rica, et l'un des endroits les plus favorables du pays en matière de biodiversité. Le moyen de transport essentiel est le bateau, pour les touristes comme pour les locaux. Un labyrinthe de canaux naturels serpente à travers la forêt et offre de fabuleuses opportunités d'observer la nature. Le village de Tortuguero abrite presque 2000 âmes qui vivent de l'écotourisme et de la pêche. Il est installé sur une étroite bande de terre entre le Rio Tortuguero d'un côté et la mer des Caraïbes de l'autre. Forêt tropicale humide mais aussi canaux, lagons, marécages, plages font partie de la mosaïque d'écosystèmes de ce parc. C'est un havre de paix pour tous les groupes faunistiques : plus de 400 espèces d'oiseaux, des dizaines d'espèces de mammifères, de reptiles et d'amphibiens, et il ne faut pas oublier les insectes... Quant à la flore, elle est innombrable et inclut plusieurs centaines d'espèces d'arbres distinctes !
La grande majorité des sorties nature se fait en bateau, et il est facile de repérer les animaux le long des canaux. La famille des hérons - est à l'honneur, avec de multiples représentants comme l'aigrette bleue, le héron vert, ou le splendide onoré du Mexique. Souvent, on aperçoit un grand oiseau au long bec et aux ailes écartées, perché sur une branche non loin de l'eau : il s'agit de l'anhinga, pêcheur hors pair qui fait sécher ses plumes. Le singe-araignée, ou Atèle de Geoffroy, n'est pas particulièrement sonore, mais ses déplacements incessants en quête de fruits aident à le repérer. En revanche, combien bruyants sont les aras de Buffon, également appelés aras verts, qui traversent les canaux de canopée en canopée en émettant leurs cris puissants et rauques ! Comme les perroquets, les toucans, quoique plus discrets, sont souvent repérés à leur cri d'abord, ce qui permet d'admirer la couleur de leur immense bec : jaune et orange pour le toucan de Swainson, arc en ciel pour le toucan à carène.
Les voies d'eau secondaires sont encore plus sauvages et calmes et il faudra souvent compter sur l'oeil acéré de votre guide local ou de votre pilote pour détecter le martin-pêcheur d'Amazonie perché, les paresseux si bien camouflés, ou le caïman à lunettes dont seul les yeux d'or et le bout du museau affleurent la surface de l'eau noire...
Enfin, il ne faut pas oublier que Tortuguero signifie... "là où pondent les tortues" ! La plage de Tortuguero est reconnue pour accueillir l'une des plus grandes colonies reproductrices de la tortue verte au monde, géant de la mer que l'on peut avoir la chance et l'émotion intense de voir pondre entre juillet et octobre, en compagnie d'un guide local. Quant aux naissances, avec un peu de chance elles peuvent encore être observées jusqu'à la fin de l'année.

2. Corcovado, le jardin d'Eden
Au sud-ouest du Costa Rica, Osa est une péninsule qui baigne dans l'océan Pacifique, prise entre les vastes mangroves de Terraba-Sierpe d'un côté, et le golfe Dulce de l'autre. Ses eaux sont peuplées de cétacés avec plusieurs espèces de dauphins tout au long de l'année et des baleines durant leur migration. Au large de Bahia Drake, la réserve biologique Isla del Cano, accessible depuis la péninsule dans le cadre d'une excursion à la journée, est un sanctuaire pour de nombreux oiseaux marins et un spot réputé pour le snorkeling. Intégrer Osa dans son voyage au Costa Rica est logiquement synonyme d'une virée dans le parc national de Corcovado. Créé en 1975 pour contrer l'avancée des hommes dans leur quête d'or et de bois exotique, le parc protège aujourd'hui une vaste zone maritime et plus de 40 000 hectares de forêt primaire et secondaire. La quasi totalité de la forêt de Corcovado reste vierge, et de nombreux sentiers sont aménagés pour des balades guidées. Les plus courageux emprunteront ceux qui traversent le parc, en longeant la côte ou en pleine forêt. Les autres rayonneront sur des secteurs plus restreints mais tout aussi captivants depuis les différents postes de garde forestier.
La forêt du Corcovado est l'une des seules du Costa Rica à abriter les quatre espèces de singes du pays (l'atèle de Geoffroy ou singe-araignée, le singe hurleur, le singe écureuil et le capucin moine) et reste l'un des derniers bastions du pays pour le très discret jaguar, dont les traces sont régulièrement observées. Paresseux, pécaris, coatis, agoutis, colibris, aras, toucans, basilics... tout reste possible ici, y compris la rencontre avec le tapir de Baird, le fourmilier tamandua ou l'insaisissable puma.
Le secteur de La Sirena, au bord de l'océan, est le plus riche. Il est compris entre 2 estuaires, ceux des rivières Claro et Sirena. Les quelques 20km de sentiers qui rayonnent autour offrent des environnements assez variés entre plages paradisiaques, sous-bois humide et ombragé, berges de rivière. La faune présente donc des intérêts variés selon les secteurs. D'un côté la vie du littoral avec ses oiseaux (ibis, urubus, pélicans, limicoles...), ses requins et ses crocodiles (qui arrivent du large pour remonter les rivières). De l'autre les espèces cantonnées aux eaux douces avec basilics, caïmans, martins-pêcheurs.... En forêt enfin, une très large palette d'observations est possible: singes, paresseux, pécaris, agoutis, coatis, aras macaos, grands hoccos, pénélopes, parmi tant d'autres !

3. Volcan Arenal , le Fuji Yama des Ticos
Le long de la cordillère Tilaran, une des trois qui traversent le pays, le volcan Arenal qui culmine à 1643 m n'est pas le plus haut mais assurément le plus emblématique du pays. A mi-chemin entre la petite ville de La Fortuna et l'extrémité du Lac Arenal, souvent la tête dans les nuages, il est visible de loin car relativement isolé des montagnes avoisinantes. Et il faut le reconnaître, son cône parfait rappelle le volcan préféré des Japonais !
Depuis La Fortuna, on aperçoit le majestueux volcan montrant sa face orientale, bien préservée et bien verte, couverte de forêt. En revanche, depuis le lac Arenal, la face ouest du volcan, brune ou grise, porte les stigmates des bouleversements des dernières grandes éruptions. Le volcan Arenal a été l'un des volcans les plus actifs au monde entre 1968 et 2010, son activité a alors largement défrayé la chronique et attiré des milliers de touristes. En effet, en juillet 1968, le versant ouest de la montagne a littéralement explosé, laissant échapper des coulées de lave brûlante ainsi que des nuées ardentes, et projetant des roches de toutes tailles. Trois villages furent détruits, ainsi que leurs habitants et les milieux alentour. Pendant plus de 40 ans encore, jusque fin 2010, le volcan au cône parfait cracha régulièrement lave, pierres et gaz toxiques. Apparemment assagi depuis fin 2010, l'Arenal reste cependant sous haute surveillance, et laisse échapper de temps en temps quelques volutes de vapeur et autres gaz...
Autour du volcan, le Parc National Volcán Arenal présente une diversité de paysages et un nombre impressionnant de niches écologiques pour la faune et la flore. Forêts de nuage, forêts tropicales de montagne, forêts tropicales primaires et secondaires, pâturages et villages s'étagent ainsi harmonieusement dans l'enceinte du parc et offrent de belles balades. En revanche, il n'est plus autorisé de s'approcher du cratère pour des raisons évidentes de sécurité. Côté faune, pas moins de 53 % des espèces d'oiseaux du Costa Rica (ce qui en représente près de 500) ont été recensées dans le parc ! Toucans au bec bigarré, trogons aux couleurs chatoyantes, motmots à la queue en balancier, colibris, tangaras, rapaces... et biodiversité record oblige, près de la moitié des mammifères du pays sont également représentés ici, dont trois espèces de singes (sur les 4 du Costa-Rica) et tatou, tapir, ocelot ou puma ! Sans oublier reptiles, amphibiens, insectes et plantes...
De nombreuses sources d'eaux thermales ont été captées autour du volcan, et la région offre de belles opportunités de se baigner dans l'eau chaude naturelle. Barboter dans des torrents et des bassins à la température de 40°C peut offrir des moment de relaxation fort agréable, surtout après une journée de randonnée ! Enfin, ne manquez pas l'exploration du dernier étage de la forêt tropicale ! Les ponts suspendus permettent en effet d'avoir une toute autre vision, celle de la canopée, si riche en plantes épiphytes et en insectes, largement visitée aussi par les oiseaux ou les singes. Déambuler sur une passerelle mouvante est une expérience passionnante : adrénaline ou sérotonine ?

4. Tenorio , la rivière céleste
Au nord-est du Costa Rica, le volcan Tenorio s'élève à 1916 m. Son calme n'est qu'apparent, il fait semblant de dormir car il "s'exprime" : fumerolles, sources chaudes ou poches de gaz à l'intérieur de grottes l'attestent. Son voisin immédiat le volcan Miravalles est doté d'une activité géothermique plus importante, qui contribue aux ressources énergétiques du Costa Rica. De nombreux ruisseaux et rivières prennent leur source sur le volcan Tenorio; en vue de les protéger car ils alimentent en eau plus de 20 communautés, mais aussi afin de préserver l'habitat du tapir et d'autres espèces vulnérables, ce secteur a été désigné corridor biologique et bénéficie d'actions de préservation et de reforestation. Le "Parque Nacional Volcán Tenorio" couvre 184 km2 de forêt tropicale humide, de forêt de nuages et de terres volcaniques. La faible fréquentation humaine sur ces vastes territoires a permis de préserver une biodiversité florissante et les habitats naturels vitaux d'espèces en danger. La forêt est sempervirente, c'est à dire toujours verte. Palmiers, chênes et avocatiers, fougères, héliconias, broméliacées et orchidées prédominent. Les animaux se distinguent aussi par leur abondance : nombreux poissons, amphibiens et reptiles, pas moins de 131 espèces de mammifères dont singes capucin et araignée, coati, ocelot, tapir, jaguar et puma... Côté oiseaux, les ornithologues n'auront pas à se plaindre, près de la moitié des espèces du Costa Rica fréquentent le parc et ses alentours ! Le Río Celeste est une des principales attractions du parc de Tenorio, on pourrait même dire que c'est l'un des sites les plus pittoresques du Costa Rica. Ainsi nommée en raison de ses eaux d'un bleu extraordinaire frisant le turquoise, la rivière Céleste - celeste signifie bleu ciel en espagnol - se forme à la confluence de 2 rivières, chacune apportant ses propres éléments : le Río Celeste est en réalité le théâtre d'une réaction chimique naturelle entre la silice colloïdale, le soufre, le cuivre, le calcium, l'aluminium, qui donnent cet étrange bleu opalescent. Selon la légende, Dieu aurait rincé ses pinceaux dans le Río Celeste après avoir peint le ciel... l'image est plaisante ! La première halte est la Catarata del Río Celeste, que les habitants de la région n'hésitent pas à qualifier de plus belle chute d'eau de la planète. Et il faut le reconnaître, elle est magnifique ! Un long escalier laisse progressivement apparaître des taches bleues à travers les feuillages, l'excitation grandit... et l'on finit par déboucher sur le bassin et sur la cascade qui plonge d'une hauteur de 30 m. Cerise sur le gâteau céleste, de somptueux et imposants papillons Morpho virevoltent autour du bassin, ajoutant une nuance de bleu encore plus soutenue à ce paysage. On continue à monter vers l'amont de la rivière et en chemin, un belvédère en bois offre une très belle perspective sur les flancs bien verts du volcan Tenorio à la faveur d'une trouée dans la végétation. Puis on rejoint la rivière à l'endroit où elle s'élargit en un lac turquoise justement nommé Laguna Azul. Plus loin encore, au bord du chemin, la rivière bouillonne sur quelques mètres, témoin des remontées de gaz du volcan, et l'on retrouve l'odeur du soufre. Un petit pont suspendu permet de traverser le rio et quelques enjambées plus loin, on parvient au bout du sentier, à la confluence des rivières qui donnent naissance au Río Celeste. Le spectacle est saisissant, et l'on comprend pourquoi ce site s'appelle "les teinturiers " (Los Teñideros) : les deux couleurs d'eau de teinte différente s'assemblent et créent cette gamme de bleus si étonnante en aval ! Retour au poste des gardes-forestiers par le même chemin, c'est l'occasion d'être plus attentifs à la faune qu'à l'aller : une démonstration de capucins se poursuivant, un agouti qui fouine dans les feuilles mortes, une vipère tranquillement installée sur une branche, une araignée néphile tissant sa toile indestructible entre deux branches, un toucan dévorant quelques fruits dans les hauteurs de la canopée...

Photos : Sylvain Mahuzier