
Le 31 mars 1520, quand Magellan découvre les régions les plus australes de l'Amérique du Sud, il n'est pas seul. Et ces locaux ont de grands pieds ! Peut-être que les grandes bottes qu'ils portent choquent les esprits et s'introduisent dans la légende des Patagons ou bien la taille de leur pied et leur haute stature lui fait penser au roman à la mode écrit par Francisco Vazquez en 1512 et intitulé "Primaleon de Grecia" (le personnage principal est un géant nommé Patagon).Quoi qu'il en soit, le nom va rester et décrira non seulement l'ensemble des habitants mais aussi la région.
Pour nous intéresser plus particulièrement aux autochtones, il faut noter que les premières descriptions reflètent les préjugés de l'époque. Nous savons peu de choses objectives sur les différentes familles qui peuplaient ces régions froides et austères.
Néanmoins, voici quelques caractéristiques.
Les premiers habitants de la Patagonie étaient généralement des familles semi nomades, incluent dans des groupes tribaux.Dans le sud de la Patagonie que vous pourrez découvrir lors d'une croisière Terre de Feu, trois groupes dominent et cohabitent dans des relations amicales ou belliqueuses qui nous sont très mal connues : les Onas, les Yamanas et les Alakalufes.
Yamanas et Alakalufes vivent pratiquement toujours sur leurs embarcations. Ils cuisinent, dorment et habitent sur les eaux. À l'inverse des Onas qui eux, sont terrestres et transportent leur habitacle, les "toldos", au gré de leurs voyages.
Ces premiers habitants ne laissent pas de traces écrites et ne seront décrits de manières objectives que dans les années 1893 par les missions salésiennes.

Bien avant, les premières découvertes ethnologiques à leur sujet se déroulent entre 1882 et 1883 dans le cadre de la première année polaire international. C'est aussi à ce même moment que la France se verra attribuer la responsabilité d'organiser la première mission scientifique au Cap Horn. C'est ainsi que le 17 juillet 1882, La Romanche part de Cherbourg avec 120 marins sous les ordres de Louis Ferdinand Martial et de Jean Louis Doze. Ils arrivent à Bahia Orange et l'île Hoste et rencontrent ainsi pour la première fois, les Yamanas. À cette époque leur langue est étudiée et des photos sont prises. Un français se distingue, Jean Louis Doze, qui s'improvise photographe lors de l'expédition et nous laisse un témoignage unique de trois cent vingt-trois négatifs sur plaques de verre rapportés en France.

Pour agrémenter vos lectures n'hésitez pas à reprendre les 7 volumes de cette expédition. Ethnographie dans le premier volume mais aussi botanique, hydrographie, géologie, météorologie, zoologie...!
Cependant, ces travaux, n'empêcheront pas la lente et tragique extinction de ces peuples. Connaître ces régions et observer ces contrées c'est, rendre un dernier hommage à ces personnes singulières. Résister et s'adapter à ces parages, révèle la trempe de leur caractère.
La colonisation rapide de ces terres sera synonyme de leur déclin et de l'oubli. Quelques communautés yagans ou yamana perdurent encore aujourd'hui, au Chili à Punta Arenas. Elles sont constituées de mélange de tribus. La dernière Onas, Angela Loij, meurt en 1974, avec elle s'éteint tout ce que l'on sait des ces formidables titans des terres australes.