LES GALAPAGOS DE MARIANNE DURUEL,
« LES ENCANTADAS OU ÎLES ENCHANTÉES » DE HERMAN MELVILLE …

Qui êtes-vous ? Quel est votre métier ?
Je suis Marianne Duruel, géographe et photographe de formation. J’ai eu la chance de pouvoir vivre de ma passion pour la nature en devenant guide naturaliste et conférencière. Depuis plus de 20 ans, je partage l’exploration des plus grands écosystèmes de la terre en compagnie de petits groupes d’amoureux de notre belle planète. Quoi de plus enthousiasmant que de se fondre dans la nature, se faire oublier et observer… Puis comprendre et expliquer l’observation immortalisée pour s’en souvenir et la partager…
Pourquoi les Galapagos ?
C’est une longue histoire qui a pris naissance à l’adolescence avec la lecture d’un livre de Christian Zuber, « Galapagos ». Puis au fil de ma formation, de lectures, notamment de Darwin qui parlait de « Cette arche de Noé où les animaux ne manifestent aucune crainte envers l’homme mais une curiosité égale à la sienne…» l’envie de les découvrir s’est faite plus pressante. L’objectif a été largement atteint puisque mon premier voyage a confirmé pleinement et au-delà l’intérêt de découvrir et de protéger ces îles totalement atypiques.

Qu'est ce qui vous fascine dans cet archipel ?
Ces îles et îlots volcaniques surgis de l’océan au niveau d’un point chaud offrent tout un panel de paysages différents suivant que l’on navigue à l’est vers les îles les plus anciennes recouvertes de végétation ou à l’ouest vers les plus « jeunes » révélant leurs circonvolutions nues des coulées de lave. Sur chacune, une faune variée s’est adaptée à son milieu. Ce n’est pas un hasard si c’est l’escale aux Galapagos, en 1835 lors de son périple à bord du Beagle, qui a conduit le jeune Charles Darwin à développer sa théorie sur l'évolution des espèces, en particulier grâce à la grande variété de pinsons.
Quelle est votre relation avec cette destination ?
Aller régulièrement aux Galapagos est un vrai privilège. L’archipel devient vite un petit chez soi où l’on revient rendre visite à des proches dont on prend des nouvelles. Les habitants sont chaleureux, les oiseaux sont sans crainte, les jeunes otaries sont parfois même un peu envahissantes… C’est, en plus, un archipel où tout est fait pour visiter tout en préservant le milieu : un vrai tourisme éthique et c’est important pour moi.

Un endroit coup de cœur ?
Elisabeth Bay, à l’ouest de l’île Isabela, est une baie qui associe îlots et mangrove. Sur des blocs de lave, cohabitent de nombreux volatiles : pélicans, manchots de Humboldt, buses des Galapagos, frégates, mouettes à queue d'aronde à l'oeil joliment cerclé de rouge… Des fous à pieds bleus y pêchent régulièrement en faisant de spectaculaires piqués. Des cormorans aptères y toilettent leurs ailes réduites à leur plus simple expression... Une parfaite illustration de la théorie de Darwin ! Et puis, des iguanes marins et des otaries, certaines allaitant leur petit, des jeunes, d’autres jouant à la torpille près du zodiac. Enfin, dans l'eau peu profonde et abritée de la mangrove, des tortues vertes viennent se reposer. Un endroit incroyable !
Un conseil pour un voyageur qui découvre pour la première fois les Galapagos ?
Il faut ne s’attendre à rien et se laisser porter par ce que la nature nous offre… Elle est là, généreuse et atypique. En explorant les îles à pied ou dans l’eau, équipé de masque, palmes et tuba, pour observer le repas des tortues vertes ou des iguanes marins, les rencontres inattendues sont multiples…

Une anecdote ?
La première caractéristique des animaux aux Galapagos est leur absence de peur et leur curiosité, comme c’est le cas lorsqu’ils ne sont pas soumis à la chasse. Ainsi, un jour, une très jeune otarie est venue me rendre visite sous l’eau et jouer avec moi. Vivre de tels moments est vraiment inoubliable et remplit de joie. Une libre rencontre !
© Photos : Marianne Duruel