En embarquant sur certains navires, avez-vous déjà remarqué qu’il vous était impossible de passer d’un restaurant de croisière à un autre, pourtant placés sur le même pont ? La raison en est simple : la cuisine a élu domicile entre les deux pour des raisons évidentes de logistique. Faciliter le service de milliers de repas servis chaque jour, tel a été l’objectif des ingénieurs et architectes lors de la conception du navire. Le positionnement de la cuisine au centre pour rayonner sur les différents espaces de restauration était d’une logique implacable.
À l’occasion de la 24e édition des Lauréats de la mer, nous avons pu visiter la cuisine du navire Costa Pacifica. Forces en présence sur ce navire ? 180 cuisiniers (dont les commis) et 230 serveurs au service de 3800 passagers. À raison de 5 séquences par jour (rappelons qu’il existe plusieurs services en croisière), ce sont entre 13.000 et 14.000 repas qui sont servis chaque jour (précisions que le nombre de passagers se rendant à chaque service n’est pas égal à chaque fois).
Dès notre entrée dans cet espace strictement réservé au personnel, on ressent que le moindre détail a été pensé pour optimiser le service. De l’acier pour faciliter le nettoyage, des escalators pour accélérer la cadence, un savant circuit pour les plats et une chorégraphie millimétrée des serveurs pour conserver la chaleur des aliments. En plein coup de feu, les techniciens de la plonge sont équipés de casque antibruit tant l’activité est intense. Rien n’est laissé au hasard quant aux itinéraires des plats et des hommes qui les transportent. Et les normes d’hygiène sont une obsession pour la compagnie. Tout ce qui peut être produit sur place l’est sur le navire, à l’exception des aliments pour les passagers allergiques.
Malgré ces rythmes effrénés (un employé travaille 11 heures par jour), l’ambiance semble être au beau fixe. Une petite collation offerte aux visiteurs du jour et des sourires non forcés confirment cette impression.
Pantagruel n'a qu'à bien se tenir ! Vous vous en doutez, la rationalisation est au cœur du dispositif. Les opérateurs disposent donc d'un tableau recensant toutes les commandes. Nous avons effectué la visite de la cuisine du bateau aux heures creuses, ce qui explique la prédominance du vert sur ce tableau de bord :
L'impressionnant dispositif pour laver la vaisselle a également attiré notre attention. Les membres d'équipage qui récupèrent les plats au restaurant les laissent sur une plateforme en acier. Ils sont ensuite déposés sur un tapis roulant puis la vaisselle extraite pour être nettoyée avec de l'eau chaude. Le bruit est tellement important que les plongeurs doivent porter des bouchons pour les oreilles. Notez la présence d'une petite pente (visible sur la droite sur la photo ci-dessous) pour accueillir les aliments non consommés. Ils sont ensuite hachés puis transformés en crème qui sera déversée dans l'océan pour nourrir les poissons. Précisons que ce déversement ne peut se faire qu'à 12 miles au moins des côtes et que certaines zones comme les fjords interdisent cette pratique.
Chaque membre d'équipage travaille 11 heures par jour partout sur le navire (du moins chez Costa), et la cuisine n'échappe pas à cette règle. La devise est claire : on aime ou on part ! Concernant la nourriture, la compagnie part du principe qu'il faut la produire au maximum à bord. Et cela est valable sur tous les bateaux Costa qui se doivent d'offrir le même niveau de qualité partout dans le monde. C'est donc dans cette logique que l'on trouve une boulangerie et une pâtisserie dans cette enceinte. En sortent chaque jour 4 types de pain différents, des croissants et autres viennoiseries ! Chaque jour, ce sont 2 équipes qui se relaient, de 7h à 19h et de 19h à 7h. Depuis le printemps 2017, c'est même une fabrique à Mozarella qui s'est invitée sur les navires de la flotte. La production maison présente l'avantage de la qualité, de la fraîcheur et de la saveur.
À quantité affolante, infrastructure impressionnante ! C'est ainsi qu'au cours de notre visite, nous avons pu constater la présence de 5 fours massifs (visible sur le cliché ci-dessous). Chaque unité qui prend la forme d'un placard est en capacité d'accueillir 160 kg de viande.
Autres éléments imposants de circonstance, ces grands espaces de stockage de plats en attendant les services de restauration…
… ces larges plans de travail et un savant dispositif de lampe chauffante (non visible ici) pour conserver la chaleur des plats une fois prêts à être servis…

… et le coin spécifique aux demandes du room-service :

Une chorégraphie et des installations étonnantes pour répondre aux exigences des passagers à tout moment de la journée et à n'importe quel endroit sur le bateau !