Les détracteurs de la croisière se plaisent souvent à accuser cette industrie de polluer à tout va. Certes, tout n’est pas parfait, et ce mode de voyage (à l’instar de l’aérien) est perfectible sur le plan écologique. Ce procès est-il justifié ? Les compagnies restent-elles inactives dans ce domaine ? Pas sûr, et comme bien souvent avec ces articles qui veulent créer le buzz à tout prix, on ne voit que la partie émergée de l'iceberg !
Des navires plus performants et donc plus écologiques
Les grands médias se font régulièrement l’écho de données concernant la pollution des navires. Ils sont par contre beaucoup moins prolixes lorsque de véritables innovations voient le jour. Récemment, nous nous faisions l’écho des caractéristiques du futur MS Roald Amundsen de la compagnie norvégienne Hurtigruten. Ce nouveau navire d’expédition sera équipé d’un moteur hybride qui permettra une baisse de 20% de la consommation de carburant et préservera beaucoup plus les environnements dans lesquels il pourra évoluer. Et ne croyez pas que cette économie d’énergie ne concerne que les petits bateaux et ceux de moyenne taille. Le Harmony of the Seas qui est, à ce jour, le plus grand navire de croisière au monde est doté d’une turbine à vapeur de 2MW qui récupère la chaleur et la converti en source d’énergie réutilisable. Hasard des chiffres pour des navires de taille très différente, la consommation est également réduite de… 20% par rapport à ses 2 sister-ships.
Même si ce nouveau carburant n’a pas été encore mis en place, les perspectives qu’il offre sont pleines de promesses pour l’industrie. Le Gaz Naturel Liquéfié (GNL) s’apprête à prendre le pas sur le fuel lourd. Les émissions polluantes seront considérablement réduites. Aida, Costa Croisières, Carnival, P&O, Royal Caribbean, MSC… autant de grands noms de l’industrie qui équiperont dans les années à venir leurs navires de ce dispositif. L’enjeu est immense, les infrastructures à déployer colossales… et 2018 le point de départ de cette nouvelle ère. Parce que le déploiement sera forcément lent à mettre en place sur l’ensemble des flottes, certaines compagnies comme Carnival optent pour des solutions transitoires grâce au système de « scrubbers », un savant système de nettoyage des fumées émises par le paquebot.
Autre aspect que les compagnies prennent en compte : le dynamisme des éléments qui composent le navire. Qu’ils soient en extérieur ou sous l’eau, leur forme est cruciale pour gagner en pénétration dans l’air et dans l’eau. C’est donc en travaillant l’hydrodynamisme et l’aérodynamisme du navire que les armateurs entendent baisser la consommation d’énergie pour le faire avancer (et leurs coûts par la même occasion). Le choix de la peinture à base de silicone sur les coques utilisée par des compagnies comme MSC Croisières n’est d’ailleurs pas étranger à cette quête d’économies. Celle-ci préserve d'ailleurs l'environnement marin dans lequel le navire évolue.
Les passagers également mis à contribution
Ne croyez pas que le croisiériste n’a pas joué son rôle à jouer dans cette course à l’écologie ! Parce qu’il serait mal venu que la compagnie vienne à manquer de quoi nourrir ses passagers, ce sont des tonnes de nourriture qui sont embarquées en même temps que les voyageurs. C’est ainsi que ces derniers disposent d’un large choix de plats au buffet par exemple et qu’ils peuvent se servir à volonté. Malheureusement, certains passagers ne finissent pas leur assiette et c’est autant de nourrir qui est gaspillée (et pour une part transformée en mets pour les poissons). Pour limiter ce phénomène, la compagnie Costa Croisières s’apprête à lancer une grande campagne de sensibilisation. Les voyageurs seront donc invités à prendre ce qu’il faut pour le repas, quitte à se servir à nouveau si besoin. D’aucuns pourraient croire que la manœuvre est économique. Qu’ils sachent que les profits seront utilisés pour mener des opérations dans des pays en difficulté, notamment en Afrique. Le développement durable est également au cœur des préoccupations de Costa et de bien d’autres compagnies puisqu’un vaste plan de traçabilité des produits a été mis en place. Des améliorations que vous ne verrez pas lors de la croisière des idées, mais qui sont bien là !
Les passagers sont également invités à trier leurs déchets à bord. Sur certaines compagnies, les détritus qui n’ont pas été rejetés à la mer font l’objet d’un recyclage. Ainsi peut-on lire dans l’article « 10 innovations écologiques qui vont révolutionner vos croisières » dans le magazine Croisières de juin 2017 que « de 2007 à 2015, pas moins de 334 tonnes d’aluminium (soit 27 millions de canettes de 33 cl) provenant des seuls paquebots de Costa faisant escale dans le port italien de Savone ont été collectées. De quoi fabriquer 33.400 vélos, 722.000 cafetières, 221.000 lampes de bureau ou encore 37 voitures de train à grande vitesse. »
En outre, l’eau est l’objet de toutes les attentions des armateurs puisque sur les navires récents, de savants dispositifs ont été mis en place pour traiter l’eau de mer afin qu’elle soit réutilisée pour des usages comme le nettoyage des espaces communs extérieurs du navire et laver le linge.
Vous le voyez, le tableau n’est donc pas aussi noir que certains voudraient le faire croire. Certes, des efforts restent à produire, mais le temps et l’expertise vont jouer en faveur des compagnies et de la planète. Nul doute que ce mouvement écologique pour l’industrie de la croisière est bel et bien engagé !