Mais, en décembre 1831, le jeune britannique de 22 ans embarque à bord du HMS Beagle dont la mission était de cartographier les côtes de l’Amérique du Sud.
Et durant les 5 années du périple, Charles Darwin étudie la géologie des îles et des continents abordés, avec pour livre de chevet : « Les Principes de géologie » de Charles Lyell. Il va surtout collectionner les spécimens et les fossiles des espèces qu’il va rencontrer.
C’est de cette expérience unique qu’aboutira, 28 ans plus tard, la publication du livre « L’Origine des espèces » dans lequel Darwin expose le mécanisme de l’évolution au travers de sa théorie sur la sélection naturelle.
Après avoir fait escale aux îles du Cap-Vert, au Brésil, en Terre de Feu et aux îles Falkland, en Patagonie et à Montevideo, dans les années 1833 et 1834, le Beagle relâche près de 5 semaines aux Galapagos.
En 1835, ses observations l’amènent à élaborer l’ébauche de sa théorie. En effet, il remarque qu’une même espèce retrouvée sur plusieurs îles présente des différences notables.
Le cas des pinsons, 14 espèces, est exemplaire : suivant le lieu, le bec est adapté à différents types de nourriture par sa forme et sa taille (les granivores aux puissants becs courbés et les insectivores aux becs plus petits et pointus). Il émet l’hypothèse que tous ces pinsons proviennent d’une espèce unique arrivée par hasard du continent sud-américain.
Les descendants des premiers arrivants se sont dispersés dans les îles et ont évolué en fonction de leur environnement, se partageant les ressources disponibles.
Après Darwin, les zoologistes ont utilisé les caractéristiques anatomiques des pinsons pour reconstituer leur arbre « généalogique » (en biologie, arbre « phylogénétique »). Les progrès de la biologie moléculaire ont par la suite permis de comparer les gènes de ces oiseaux et de construire un « arbre génétique » qui a pleinement confirmé l’arbre anatomique.
Ainsi, des observations de nature totalement différente : anatomiques puis moléculaires, ont abouti aux mêmes résultats…
Mais si l’idée de la sélection naturelle s’impose à lui dès son retour en 1836, il lui faudra plus de vingt ans pour ordonner et étayer son travail. L’été 1858, un événement va accélérer les choses.
En effet, le naturaliste Alfred Wallace lui envoie pour avis un projet d’article dans lequel il expose l’essentiel des idées que Darwin a déjà formulées depuis longtemps sans les publier. Cet épisode précipite la publication en 1859, de L’Origine des espèces, qui remporte un succès immédiat !
Il y expose le mécanisme par lequel les espèces évoluent en s’adaptant à leur milieu, « la descendance avec modification » : il apparaît chez chaque nouvel individu de petites variations qui, lorsqu’elles représentent un avantage dans la lutte pour l’appropriation du milieu, sont transmises aux descendants. Il en résulte une modification progressive des espèces.
Or en affirmant que toutes les espèces vivantes descendent d’un ancêtre commun, même s’il n’y évoque alors ni l’homme, ni le singe, l’ouvrage déchaîne les passions. Il remet en cause le dogme religieux de la Création (le créationnisme) et provoque une vive polémique dont certains soubresauts subsistent encore...
Aujourd’hui, la théorie de l’évolution est un socle scientifique et la sélection naturelle est toujours considérée comme une source d’inspiration fondamentale dans des domaines aussi variés que l’immunologie, la génétique, la neurobiologie, la robotique… Et marcher sur les traces de Darwin en observant faune et flore dans leur milieu naturel reste un rare privilège !
Texte : Marianne Duruel